Le jeudi 01 décembre, à la faculté de la victoire (amphithéâtre Denucé), à 19h, nous vous invitons à écouter et échanger avec Michel Deguilhem qui nous parlera de cruauté humaine par le prisme psychanalytique.
C’est gratuit et ouvert à toustes. Un temps d’échange est prévu après la présentation.
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C’est gratuit et ouvert à toustes. Un temps d’échange est prévu après la présentation.
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Présentation de la conférence par Michel Deguilhem (Psychanalyste membre de l’EPFCL [Ecole de psychanalyse des forums du champ lacanien], médecin) :
Au travers de la problématique de la cruauté qui est le pire du mal , le mal pour le mal, c’est la question de la construction de l’humanisation d’un individu qui est en jeu et l’approche psychanalytique me semble apporter des éléments capables d’éclairer cette question qui se situe au cœur de l’humain.
Jacques Derrida s’adressant aux psychanalystes lors des états généraux de la psychanalyse le 16 juillet 2000 affirmait :
« Le seul discours qui puisse aujourd’hui revendiquer la chose de la cruauté psychique comme son affaire propre, ce serait bien ce qui s’appelle, depuis un siècle à peu près, la psychanalyse. »
« Psychanalyse serait le nom de ce qui, sans alibi théologique ou autre, se tournerait vers ce que la cruauté psychique aurait de plus propre »
Pourquoi la cruauté est liée au pouvoir pour le pouvoir, au totalitarisme, au dogmatisme afin de s’approprier des territoires par la guerre et la terreur, de faire régner des idéologies, ou imposer un discours uniquement scientifique qui forclot le sujet ?
Comment est elle aussi la conséquence subjective de la soumission à l’autorité comme l’ont montré les études des psycho-sociologues Stanley Milgram ou de Philip Zimbardo qui nous invitent à une plus grande humilité quant à notre capacité à y résister qui ne font que confirmer la thèse de La Boétie dans cet ouvrage capital : La servitude volontaire ?
Comment la cruauté se soutient des effets de groupe comme l’a montré Freud ou prédomine une identification au chef ou à un signifiant idéal, associée à une complaisance et un mimétisme entre individus qui y perdent leur singularité ?
Quel est son rapport avec la haine de l’altérité et de la différence, et avec la rivalité imaginaire présente dans chacun de nous.
Comment la cruauté est-elle liée à la passivité humaine face à la détresse d’autrui, passivité qui consiste à ne rien faire et comment expliquer que pourtant certains sujets soient capables d’un altruisme et d’une capacité à accueillir des sujets en détresse leur ayant permis par exemple de sauver des milliers de Juifs de l’Holocauste .
Comment une cure psychanalytique peut elle permettre à un individu de tenir compte de sa propre cruauté, de sa propre jouissance et d’y répondre en se tenant responsable.
Quel est le fondement de cette humanité que même la cruauté des camps de concentration n’a pas réussi à abolir comme le dit si bien Robert Antelme dans l’Espèce humaine : « Le bourreau peut tuer un homme mais il ne peut pas le changer en autre chose » ?