Communiqué

ARCHIVE DE L'ANCIEN SITE // Évènement
31/01/2017

Ce texte est une réponse au communiqué du Labo Décolonial intitulé « Salut camarades racistes », lisible sur le site et la page Facebook du Labo. Nous regrettons que ce dernier ait été diffusé dans l’espace public numérique et envoyé directement à nos partenaires dans le but délibéré de nuire au travail que nous menons avec eux. Notre réponse s’adresse donc à nos adhérent.e.s, sympathisant.e.s et partenaires afin d’apporter notre point de vue sur la situation et ajouter des aspects complémentaires, passés sous silence et qui donnent pourtant une vision plus complexe de la situation.

Sommes-nous des « camarades racistes » ?

N’ayant pas une ligne unique à l’UPB, chacun.e a reçu ce message différemment. Certain.e prenant la chose comme une insulte personnelle et diffamatoire, d’autres y voyant une critique politique avec une belle dose de provocation.
Nous ne nions pas l’existence d’un racisme systémique dans notre société française et notamment dans certains courant de gauche. Nous sommes donc conscient.e.s que du fait de nos origines et nos parcours de vie, nous faisons partie de ce système. Mais de là à nous qualifier directement et individuellement de racistes… Cela demanderait quelques arguments et l’exposé de faits, de discours et d’actes racistes de notre part pour démontrer notre « logique ségrégationniste ». Les mots sont importants. Le parallèle entre le fonctionnement de l’UPB et la politique de l’apartheid n’est pas fondé.

Une volonté de contrôle sur les moyens financiers du Labo ?

Nous affirmons que nous n’avons jamais eu l’intention, ni agi, dans une volonté de rétention de la subvention accordée par le CGET en 2016. Chaque dépense a été remboursée, sur présentation de justificatifs, ce qui relève d’une gestion rigoureuse et non d’un harcèlement. La somme n’a servi qu’à la réalisation de l’action. La part réservée au financement du poste salarié était prévue dans le budget.
Nous tenons ici à préciser que l’Université Populaire de Bordeaux a été engagée malgré elle, par le Labo sur une action tri-annuelle financée par le Commissariat Général à l’Égalité des Territoires : une demande de financement sur trois ans a été déposée par le Labo alors que cela n’avait jamais été discuté ni validé par le Conseil d’Administration. Face à ce déni de démocratie et du collectif, nous aurions été en droit de renoncer à la subvention, ce qui n’a pas été le cas. Nous souhaitions que ce projet existe – malgré tous les dissensus qui nous animaient déjà – et espérions que ces nouveaux moyens nous permettraient de travailler ensemble.

Pourquoi souhaitons-nous que nos chemins se séparent ?

L’organisation « en pétale » de l’UPB donne une indépendance forte aux commissions de bénévoles qui mènent les activités selon leurs envies, leurs compétences, les opportunités, et ce dans le respect de l’objet de l’association. Néanmoins en aucun cas, elles ne sont autonomes. Seule l’UPB possède la personnalité juridique : par conséquent, son Bureau répond pénalement et civilement des actes de ses membres. Ce qui a été reproché aux membres du Labo, c’est de mettre en place une communication différenciée dont les prises de position radicale pouvaient engager l’ensemble du collectif (qui nous le rappelons n’a pas une ligne politique unique) sans le consulter ni même l’informer.

Au cours de sa première année d’existence, le Labo a soulevé des questions qui étaient des impensés au sein de l’UPB : il a été un révélateur de nos difficultés plus qu’il n’en était la source. Qu’il s’agisse de la communication, de notre objet politique ou de notre rapport à la radicalité, le Labo est venu bousculer l’institution UPB et ses membres. L’échange a été possible, des espaces pour travailler ces questions ont été mises en place. Mais des enjeux personnels, des revanches, des mensonges, une absence totale de pédagogie de la part du Labo (qui se traduit par du mépris envers celles et ceux considéré.e.s comme non-éclairé.e.s) ont épuisé le collectif, au bout de deux longues années de tentatives de mener ensemble l’objet associatif. Nous prenons notre part de responsabilité, mais refusons d’être les seul.e.s à l’endosser.

A ce climat déjà tendu s’est ajoutée la découverte de pratiques en interne du Labo dont nous nous désolidarisons.
Parmi elles, la double facturation à l’UPB et à un partenaire de Rennes d’une prestation (conférence gesticulée) et de déplacements réalisés par la fondatrice du Labo. Cette prestation faisait pourtant déjà l’objet d’un financement public obtenu du CGET. Cette pratique était ignorée par l’UPB, par l’association accueillante, par une partie des membres du Labo et a été délibérément cachée à l’ensemble de l’association.
Mais plus que les pratiques financières, c’est la qualité des relations internes au Labo dont nous souhaitons nous dissocier. Le communiqué diffamatoire du Labo ne dit rien à propos des membres qui ont été exclues du Labo, ou qui en sont parties d’elles-mêmes, tant l’environnement y est nocif, violent et reproduit en interne les rapports de dominations pourtant dénoncés avec tant de virulence. Après consultation de ces personnes et avec leur accord, nous dénonçons ces agissements.

Une association est basée sur un objet politique – l’action du Labo réalise pleinement notre objet et nous n’avons jamais dit le contraire. Pour autant, une association ne peut se résumer à cela. Ce serait nier le fait associatif, c’est-à-dire le choix de personnes de travailler ensemble et avec plaisir. L’association n’est pas une abstraction. L’UPB s’est dirigée vers une séparation d’avec le Labo justement à cause d’une impossibilité à travailler ensemble, d’une mésentente constante, d’un climat agressif et contre-productif pour tou.te.s. Nous aurions aimé que cette rupture se fasse autrement, et permette aux deux structures d’exister indépendamment et sereinement, mais le Labo Décolonial y a préféré la lutte, l’injure et le dénigrement, refusant de reconnaître son absence de désir et de volonté de travailler avec le reste du collectif.

L’UPB ne souhaitait pas résoudre ces problèmes en public  : ce communiqué sera donc le seul et nous épargnerons à nos partenaires, sympathisant.e.s et adhérent.e.s toute autre réponse publique, quand bien même le Labo poursuivrait sa campagne diffamatoire. Nous resterons toutefois disponibles pour répondre à quiconque (personnes, institutions, partenaires) souhaiterait avoir une autre version que celle proférée contre nous.
Aux vues de la situation sociale et politique actuelle, l’UPB considère qu’il y a mieux à faire que d’étaler au grand jour des conflits associatifs internes. Une fois la rupture consumée, l’UPB sera ravie de pouvoir se relancer dans son projet associatif, le redéfinir, continuer à agir et réfléchir avec intelligence et bienveillance.