Éthique et travail social 2/2

ARCHIVE DE L'ANCIEN SITE // Évènement
14/01/2016 Université de Bordeaux - site de la Victoire - Amphi Fabre

Une question se pose constamment dans l’agir des travailleurs sociaux : « Est-ce bien, est-ce mal ? ». Elle est même première chez les débutants, avec l’espoir d’un jugement qui pourrait départager et surtout protéger du mal. Dans nos métiers, on se confronte à la question de la « justesse de l’acte ». Nous posons des actes, mais comment, avec quelle certitude ? Nous ne pouvons nous passer de l’éthique, une éthique de l’agir où il nous faut se confronter à l’incertitude, à la surprise, aux dilemmes, aux paradoxes, au bien et au mal. Le travailleur social est amené la plupart du temps à prendre ses décisions dans des situations souvent paradoxales où une multiplicité de questions se posent : Que faire des sentiments dans un métier ? Comment agir humainement dans des milieux qui tendent à se déshumaniser ? Comment maintenir un souci de l’autre aux prises avec des normes qui risquent de l’exclure ?
L’éthique a donc un rapport étroit aux valeurs et aux pratiques, et plus précisément avec l’acte. « Éthique et pratique sont indissolublement liées » disait Françoise Dolto. L’éthique s’éprouve dans l’acte et c’est pour cela qu’elle est considérée comme une sagesse pratique susceptible de s’adapter à la situation.
On peut dire sans ambages que, dés qu’un professionnel réfléchit sur le sens de sa pratique, dés qu’il se demande pourquoi ou pour quoi il fait ce qu’il fait, alors il entre déjà dans l’éthique. Mais cette posture sans cesse chahutée requiert un véritable travail. Celui tout d’abord de l’attention, c’est-à-dire d’une sensibilité volontaire à ce qui nous entoure. Celui toujours difficile, d’une remise en cause de soi-même ainsi que de tout appareillage identitaire, travail théorique et psychologique bien sûr, mise en question de la pratique bien entendu. Ce n’est pas simple mais pourtant nécessaire si l’on veut sortir de la logique de l’utilité et de l’efficacité à laquelle n’appartient certainement pas l’éthique et qui est pourtant l’apanage de la tendance gestionnaire qui emporte l’ensemble du secteur sanitaire et social et médical.
L’enjeu éthique est de parvenir à dessiner, esquisser les limites toujours fluctuantes d’un espace dans lequel autrui puisse troubler, rompre notre « quant à soi » toujours empreint de raison théorique, de soif identitaire.

Cette séance sera animée par Jacques Berton, Formateur IRTS Aquitaine, Docteur en Sciences de l’Education. Il est auteur de « Clinique et formation des éducateurs spécialisés » (Presses universitaires de Sainte Gemme, 2013) et « Ecrire sa pratique professionnelle » en co-direction avec D.Millet (Seli arslan, 2014)