Humour et pouvoir : Quant Coluche « fout la merde » en politique

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31/05/2018 Pôle juridique et judiciaire de l'université de Bordeaux- Salle 1 J

A la fin de l’année 1980, le comique français Michel Colucci, dit Coluche, est une grande vedette populaire et sa carrière est telle qu’il n’a, a priori, aucun intérêt à embrasser une carrière politique. C’est pourtant ce qu’il fait en se présentant à la présidence de la République. Sa candidature produit une telle effervescence qu’il est question d’un « phénomène Coluche ». Sa candidature est crédible, des comités de soutien se forment dans toute la France, et il se voit crédité de 10% à 16% d’intentions de vote dans la première quinzaine de décembre 1980.

La crédibilité de cette candidature n’était pas certaine : Coluche est un comédien de théâtre et de cinéma dont le premier objectif est de plaire et de faire rire. Il ne possède pas les titres requis pour prendre position dans le champ politique, il ne s’est jamais affiché dans un parti. De plus, il présente sa candidature comme une provocation : il veut « foutre la merde », « emmerder les hommes politiques » et il avoue qu’il ne souhaite pas être élu. Pourtant, il est pris au sérieux. Durant plusieurs semaines, il est insulté et calomnié par de nombreux journalistes et professionnels de la politique, il est menacé et subit des pressions et ses soutiens, même les plus importants, sont eux aussi insultés.

Pourquoi le citoyen Coluche, artiste comique, se voit-il réserver un tel sort ? La manière dont la candidature prend et tous les rappels à l’ordre qui se produisent dévoilent qu’il existe des règles à respecter pour entrer dans le jeu politique et montrent les limites de la démocratie liée à la Ve République. S’il est ainsi toujours permis de rire du pouvoir, il reste interdit de « foutre la merde » ou le « foutre le bordel ».