Descriptif de l’intervention par Hanane Boutenbat.
En tant que lectrice de Margaret Atwood parmi d’autres auteures et dans le cadre de mon travail de recherche, je me suis posée la question de ce qui m’attirait dans la lecture et l’analyse des auteurs féminins. En effet, le choix des œuvres féminines s’est très tôt s’imposé à moi peut-être par besoin ; besoin de lectrice à la recherche de voix de femmes qui la guident dans son apprentissage de la vie et de la construction personnelle. Si nos lectures modifient notre rapport au monde, j’avance l’hypothèse que lorsque je lis l’œuvre d’une écrivaine, c’est d’abord mon rapport à mon identité dans un monde pétri de représentations genrées qui est posé et interrogé. C’est en réalité un besoin pressant de clamer que la vérité n’est pas exclusivement du côté des hommes mais que les femmes ont aussi leur manière et leur talent de l’établir selon ce qu’il leur paraît essentiel à leur existence. Si les hommes étaient et sont souvent du côté de la conquête et du pouvoir, alors les femmes ont payé un lourd tribut à ce besoin et continuent de le faire. Leur lutte est soit pour la réparation ou la survie. La littérature féminine est jonchée de voix et des histoires multiples et polysémiques, dévoilant des réalités poignantes et des destins incroyables qui parfois s’enchevêtrent avec notre vie, voire même scellent nos destins. Si j’ai choisi de vous parler de mon expérience de lectrice d’auteurs femmes, et plus particulièrement d’Atwood, c’est qu’elle a le génie de mettre en lumière des figures subalternes, des femmes ordinaires et d’embarquer le lecteur ou la lectrice dans les méandres et les périples de leur vie. Comment la vie pourrait continuer pour ces femmes jeunes dont le destin est confisqué. Cette question difficile de la survie, Atwood l’endosse à ses héroïnes avec audace et intelligence.
J’ai donc choisi de lire avec vous quelques extraits de cette œuvre dense Alias Grace où Margaret Atwood, à partir d’un fait divers qui avait défrayé la chronique au 19ème siècle, tente de réhabiliter l’histoire d’une célèbre criminelle Grace Marks, et donc de démontrer l’aliénation des femmes à cette époque. Atwood met l’accent sur la figure de la servante, personnage autrefois genré et dépourvu d’une existence décente.